ALEXIS SABLAYROLLES

Catégorie “Peinture”

Alexis Sablayrolles — 22 ans, Peintre

« Je vais te dire un grand secret
Ferme les portes
Il est plus facile de mourir que d’aimer
C’est pourquoi je me donne le mal de vivre
Mon amour. »
Louis Aragon

“Toute ma vie, je me suis réfugié dans la créativité. Ça a toujours pris la forme d’histoires dans ma tête sans forcément créer quoi que ce soit concret. À un moment donné, il y a eu un événement qui m’a poussé à créer, à écrire plus précisément. Retranscrire l’émotion à travers l’écriture puis à travers la peinture.” C’est par cette première phrase, qu’Alexis Sablayrolles a exprimé ce qui l’a poussé à devenir artiste. La retranscription d’une forme d’honnêteté demeure au cœur de ses œuvres.

Même s’il a fait le choix de nous présenter la peinture comme pratique artistique, un échange réfléchi eu lieu à propos de l’écriture, la source de sa créativité. “Aujourd’hui, ça reste la forme artistique qui me permet de me défouler le plus et avec laquelle j’arrive à être le plus honnête dans ce que je veux transmettre. […] Ce n’est pas comme en peinture où l’on peut exagérer des choses, c’est de l’encre sur un papier blanc, on ne peut pas y mettre d’artifice.”

Deux intentions se dégagent des travaux d’Alexis : d’un côté, il y a celle de défouloir personnel, de vouloir sortir ses émotions et de montrer comment il se sent aux autres, et d’autre part, il y a la volonté de retranscrire une dimension politique dans le sens où l’art incarne un outil tout aussi puissant qu’un discours en créant une forme de proximité.

Des thèmes sont également abordés, tels que l’amour d’un point de vue personnel ainsi que la misère et les problèmes sociaux. “L’amour a toujours été très important à mes yeux. La plupart de mes premières toiles ne parlent que de ça.” La seconde thématique est encore en approfondissement du côté de l’artiste, qui a par ailleurs évoqué le fait que le travail sur cette dernière pourrait durer plusieurs années. “C’est mon intention et c’est quelque chose vers quoi je tends à aller de plus en plus.”

“Je pense qu’un artiste c’est l’honnêteté. Être honnête avec les autres et avec soi-même, c’est ça qui permet de donner l’émotion la plus forte et de la faire ressortir. Je pense sinon que l’art est quelque chose de libre, il devrait être libre.” Concrètement, Alexis traduit à travers cette question de “rôle de l’artiste”, que le but principal de ce dernier est d’être honnête avec lui-même.

Interview dirigée par Nathan DARRAS.

“Si je devais choisir, mon style serait de l’expressionnisme sous clair-obscur. Ce que je vise à travers mes peintures est de retransmettre une émotion et toujours de l’illustrer de manière théâtrale, devant jouer sur les ombres pour creuser les formes, montrer l’émotion des personnages.”

“En peinture, je m’inspire principalement du photographie, notamment de Sebastião Salgado, que je respecte énormément. C’est un photographe connu pour son engagement car il se rend dans des milieux en crise ainsi que dans des milieux aux contextes très compliqués. Il a réalisé une série appelée Gold qui porte sur une des plus grandes exploitations minières à ciel ouvert au monde et ça m’a vraiment transpercé.” Outre ce photographe, Alexis admire les travaux de Caravage pour ses clair-obscur et Francis Bacon.

Son processus de création est très spontané : “Il n’y a pas vraiment de réflexion à l’avance. Ce sont principalement des images qui viennent d’un coup et je suis en mode : OK, il faut que je me dirige vers ça et après j’essaye de détailler davantage. J’ai une image qui me vient en tête et suit beaucoup de travail photographique sur la composition et les lumières, pour vraiment concrétiser l’idée.”

Concernant les médiums et techniques employés, Alexis nous dit : “Je n’utilise que de la peinture à l’huile et des pinceaux pour peindre mais mon appareil photo est aussi un bon outil. Quand je fais un tableau, je prends des photos d’abord. Quand on peint, il faut toujours avoir une référence à côté de soi pour avoir un fil conducteur et avoir les bonnes proportions.”

— Quels sont les principaux défis auxquels tu es confronté ?

“Actuellement j’ai un gros défi. Prochainement, je vais ouvrir ma galerie d’art en ligne nommée Maison Sablayrolles. Nous serons cinq artistes à produire des créations que nous allons poster sur la plateforme et l’objectif est que ça ne soit pas individualiste mais davantage humain par empathie. Essayer de toucher les autres et partager quelque chose de positif. Ça demande toute une organisation que je ne connaissais pas avant et donc c’est un vrai défi.”

— Ta pratique a-t-elle évolué depuis tes débuts ?

“Chaque nouvelle discipline que je pratique est le même pattern. Je commence et j’adore ce que je fais, puis je me mets énormément de pression parce que je veux bien faire. Par la suite, je me rends compte que la pression ne sert à rien et qu’il faut que je fasse ça avec amour et passion, et c’est à ce moment-là que la pression s’en va et que ma pratique devient plus saine.”

Lors de notre entretien, des objectifs futurs ont également été mis au premier plan par le jeune peintre. “J’aimerais vraiment que ce que je créé apporte quelque chose dans la société, que ça soit utile ; c’est la raison qui explique pourquoi je créé. Mon autre grand rêve lié à l’art, c’est de faire quelque chose de beau. Le beau est certes subjectif, mais je souhaite faire quelque chose de touchant, qui transcende et qui donne de l’émotion aux gens comme All I Need de Radiohead.”

Interview dirigée par Nathan DARRAS.

Créations issues du book professionnel d'Alexis Sablayrolles.

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